La République des fadettes

L'inventeur de la "République irréprochable" nous écrit. Heureusement pour moi que les Français se délectent plus des parties de jambes en l’air de DSK que des remises de mallettes de billets en catimini.
Après l’anarchiste Péan, qui a bien mal vieilli – envolé le temps où il s’en prenait à la jeunesse plus collaborationniste que catholique de François Mitterrand –, et sa « République des mallettes », une œuvre de fiction et de fantasmes, voilà que le Nouvel Obs me cherche lui aussi des poux dans la tête.

En faisant parler un ex-conseiller de mon père spirituel, le défunt Omar Bongo. Mike Jocktane, c'est son nom, plus rock'n'roll que digne de confiance, vous avouerez. Cet affabulateur raconte que le président gabonais aurait financé ma campagne victorieuse de 2007. Comme si j’avais jamais eu besoin du moindre kopeck pour terrasser la Zapatera du Poitou ! Même sans Rolex au poignet, je lui réglai son compte en deux coups de cuillère à pot, à l'ex de Flamby alias Fraise des bois.
Ce jaloux ose même prétendre que j’aurais été obligé de reconnaître l’élection d’Ali, le fils d’Omar, contre les lois de l’arithmétique qui donnait son challengeur vainqueur. Car celui-ci m’aurait fait filmer à l’aide de caméras cachées en train de me remettre de l’argent frais dans son bureau présidentiel. Après m’avoir accusé de recevoir des enveloppes de billets de la part de Liliane la bienfaitrice universelle de l'UMP et ex-championne toutes catégories de l'évasion fiscale, voilà les mallettes Vuitton pleines d'oseille. Franchement, qui oserait croire de telles fables me concernant ?
Surtout que les Français ont encore en mémoire mon discours de Dakar (du Guaino pur sucre dans le texte) sur l’Homme africain et la fin de la Françafrique. Ils connaissent le poids de mes déclarations solennelles et la foi aveugle qu'on peut avoir en elles. De plus, entre un obscur conseiller de l’ombre, africain de surcroît, et le tombeur de Kadhafi, ils auront vite fait de choisir. Ma rectitude et mon honnêteté sont à toute épreuve.
Et des preuves, j’en ai à revendre. Pourquoi ai-je donc doublé mon salaire ? pour éviter les tentations auxquelles succombaient mes prédécesseurs. Pourquoi ai-je épousé une riche héritière ? Pardi, pour vivre à ses crochets et pas claquer une thune de mes émoluements de fonctionnaire. Vu la crise sans précédent dans laquelle j'ai plongé le pays et la perte du triple A qui s'annonce, j'ai intérêt à tout épargner pour avoir une chance de me la couler douce à la retraite. 
Je reconnais seulement un péché, mais il est véniel, l’examen des fadettes du journaliste du Monde pour identifier la taupe qui caftait tout au ministère de la justice. Alors, avec moi, la république des mallettes jamais, la république des fadettes à la rigueur.