Affaire Clearstream : le réquisitoire de Giesbert contre Villepin

Prophétique le best-seller de Franz-Olivier Giesbert, "la tragédie du Président" (Grasset), qui raconte la faillite de la Chiraquie ? A peine deux mois après sa sortie, le court chapitre consacré à l'affaire Clearstream paraît avoir été écrit aujourd'hui, à la lumière des informations qui filtrent dans la presse sur l'instruction en cours. Giesbert sait en effet de quoi il parle. C'est son magazine, le Point, qui avait révélé le volet politique de "l'affaire Clearstream" en juillet 2004. A savoir, la présence de noms de politiciens français de premier plan sur des listings de la banque des banques, la société Clearstream basé au Luxembourg. Au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui figurait par deux fois sous les noms de Paul de Nagy et de Stéphane Bocsa. Grossiers pseudonymes tirés de son état-civil complet : Nicolas, Paul, Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa. Le soi-disant listing de Clearstream lui attribuait, à partir de ce prétendu compte au Luxembourg, des versements à destination d'une banque italienne. Le juge Van Ruymbeke avait rapidement établi la supercherie en se rendant au Luxembourg. Clearstream lui ayant assuré qu'aucune personne physique ne pouvait y ouvrir un compte. Par ailleurs, Van Ruymbeke enquêtait à l'époque sur l'affaire des frégates de Taïwan. Une manière de brouiller les pistes ?

Giesbert n'y va pas
avec le dos de la cuiller

Pour Giesbert, cette manipulation pourrait très bien avoir été fomentée par un proche de Villepin, Jean-Louis Gergorin, qui a travaillé sous ses ordres au Quai d'Orsay. Dans "la tragédie du Président", Giesbert écrit sans détour : "Qu'importe si tout ça sent le montage à plein nez : calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. D'autant qu'un démenti équivaut souvent, dans ce genre d'affaires, à une confirmation. Las ! la machination ne prend pas. Elle a été trop bâclée. Pour un peu, elle se retournerait même contre Villepin." Prophétique ! non ?

La chasse au Villepin est ouverte

Chez Raffarin, la vengeance est un plat qui se mange... tiède. Moins d'un an après avoir rendu son tablier, il ne prend plus la peine de ménager son successeur. Il demande ouvertement sa peau. Pour la meilleure des raisons qui soit, évidemment : "Il faut sauver le soldat Chirac." La cote de popularité du président est en effet à l'image de celle de son premier ministre : sous la ligne de flottaison du ridicule. Chirac est ainsi devenu le président le plus impopulaire de la Vème république. Cependant, les mauvaises langues pourraient siffler que son abracadabrantesque "je promulgue, je suspens..." y est peut-être un peu pour quelque chose. Raffarin aurait pu trouver un meilleur prétexte pour réclamer la tête de celui qui ne s'en privait pas, quand il n'était encore que son ministre de l'intérieur. On lui suggère : "Villepin a réussi à être plus impopulaire que moi !"

Déçu d'avoir été tenu à l'écart,
Borloo lâche Villepin

Borloo n'est pas en reste. Après s'être ostensiblement affiché au côté de Sarkozy, au sortir de la réunion d'enterrement du CPE à l'Elysée, lequel l'avait complimenté pour "sa boorloterie" (les mesures de remplacement du CPE ont été concoctées par les services du ministre de la cohésion sociale) il doute ouvertement que le premier ministre ait la capacité de se refaire une santé. Durant le week-end pascal, MAM avait lâché : "Il va lui être difficile de rebondir et d'être crédible". Et de prévoir une démission début juin au plus tard "car Chirac n'aime pas réagir à chaud".
Pendant ce temps, Villepin fait encore semblant d'y croire. Ainsi a-t-il demandé à quelques ministres de lui préparer un nouveau discours de politique générale, qu'il pourrait prononcer devant le Parlement. Avant de poser la question de confiance ? Mais il n'est pas sûr que cela suffise. Selon le sondage du jour CSA pour La Vie et France Info, sa cote de popularité vient de connaître une baisse de cinq points. Seulement 24% des sondés déclarent lui faire confiance. Pour Villepin, ça sent de plus en plus le sapin.

Cet article est également paru sur le quotidien en ligne Agoravox fondé par Joël de Rosnay

Opération résurrection

Contrairement à ce que suggèrent les sondages, Villepin et Chirac ne sont pas morts. C’est du moins le message qu’ils entendent faire passer. En reprenant, de concert, l’initiative politique. Histoire de faire taire les mauvaises langues qui ricanent quand ils entendent Villepin parler d ’ «année utile» et répondent : l’année de trop ?
De retour de brèves vacances (diplomatiques) en Egypte, Jacques Chirac s'est inscrit dans le droit fil de son (vrai) père en politique… Georges Pompidou. En renouant avec les grands programmes industriels et scientifiques que « le fondé de pouvoir du capitalisme français » (Jean Lacouture) affectionnait tant. Il s'agit, entre autres, d'un moteur de recherches pour contrer l’ogre Google, de véhicules hybrides ou d'un métro nouvelle génération.

Villepin manifeste
à la Sorbonne

De son côté, Villepin a installé, à la Sorbonne, une commission chargée de définir un "nouveau pacte entre l'université et les Français". En toute simplicité. Ceci en présence du président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré, des ministres Borloo, Robien, Larcher, Goulard (Recherche) et de présidents d'université. Mais sans la CGT, la CFTC et la CGC, qui ont boycotté cette aimable sauterie. Chat échaudé craint l’eau froide… Le premier ministre s’est distingué en réponse à une question d’un étudiant : « En 2006, nous ne cessons de construire des Bastilles. Les Bastilles, elles sont dans nos têtes .»
Qui a dit que "le poète de Matignon" avait changé ? Visiblement, il reste plus que jamais fidèle à son personnage : l’incarnation jusqu'au-boutiste de ce qu’il dénonce.

Sarkozy et de Villiers lancent une OPA sur l'électorat du FN

Les élections approchant, la droite renoue avec son sport préféré : la chasse aux voix du FN. Le sondage de vendredi dernier 21 avril, commémorant l'anniversaire de triste mémoire du 1er tour des dernières présidentielles, n'y est peut-être pas étranger. 35% des sondés se déclaraient proches des idées du FN ! L'opportunisme étant chez lui une seconde nature, il n'en fallait pas plus pour que Sarkozy en profite. Ainsi a-t-il lancé ce week-end : « On en a plus qu'assez d'avoir en permanence le sentiment de s'excuser d'être français. On ne peut pas changer ses lois, ses coutumes parce qu'elles ne plaisent pas à une infime minorité." Et de conclure : "Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter. » Ce qui rappelle à s’y méprendre le slogan de Philippe de Villiers : "La France, tu l'aimes ou tu la quittes". Ce dernier affichait également la forme des meilleurs jours. Présentant son ouvrage "Les mosquées de Roissy", selon lequel des islamistes auraient infiltré les grands aéroports français, il a inauguré son nouveau slogan dans ses interview au JDD et à France-Info : « Les Français son inquiets car ils voient l’usine qu’on démonte, la mosquée qui se construit et le porte-monnaie qui se vide. » A ce train-là, les superlatifs xénophobes de Le Pen vont bientôt sentir la camomille.

Villepin bientôt contraint à la démission ?

Ce pourrait bien être le sondage de trop. Le coup de grâce ! Le baromètre mensuel IFOP-JDD, paru aujourd'hui dans les colonnes du Journal du Dimanche, pourrait bien précipiter le départ de Villepin de Matignon. Interrogés sur l'action du Premier ministre, seulement 24% de Français la jugent favorablement. Soit une chute de 13% en un mois ! Le total des mécontents atteint 74%, 2% ne se prononçant pas. Heureusement pour le "forcené de Matignon" (le surnom que lui a donné Sarkozy) que cette enquête a été réalisée après la fin de la crise du CPE. Mais ce qui devrait sonner le glas des espérances de Villepin de se maintenir à Matignon, c'est qu'il entraîne le président dans sa descente aux enfers. 70% des personnes interrogées sont en effet mécontentes de l'action du président de la République (+10% par rapport à mars), 29% sont satisfaites, 1% ne se prononcent pas. Chirac devient ainsi le président le plus impopulaire de l'histoire de la Vème République. Un nouveau record à son actif !

Raffarin fait la leçon à Villepin

Presque un an jour pour jour après s'être fait viré de Matignon, pour cause de Tchernobyl référendaire et d'impopularité record, et s'être mis à l'abri des rigueurs de la mondialisation sous les ors du Palais du Luxembourg, Jean-Pierre Raffarin fait sa rentrée médiatique. Il accorde ses faveurs au Point. Tout un symbole ! Son directeur n'est autre que Franz-Olivier Giesbert. Dont le dernier opus (La tragédie du Président) ressemble à s'y méprendre à une entreprise de démolition en règle du successeur du "Phénix du Haut-Poitou" à Matignon. A savoir Dominique Galouzeau de Villepin. Auquel Jean-Pierre Raffa-rien (surnom donné par Villepin) prend un malin plaisir à faire la leçon. Sans doute a-t-il encore en mémoire les sorties de son flamboyant ministre de l'Intérieur. Lorsque ce dernier réclamait par exemple, en moquant son impuissance, rien moins que son remplacement. Il fallait, disait-il, « aller plus vite, plus fort et plus haut ». Et Jean-Pierre Raffarin de ricaner : « Plus vite, plus fort, plus haut ? C'est le plafond ! »

La gauche en rêvait, Villepin l'a fait !

C'est le nouveau slogan en vogue ces temps-ci au PS. Où, en privé, l'on n'a pas de mots assez... doux pour Villepin, qui vient de réussir l'impensable : ressouder la gauche et lui donner le sérieux espoir de l'emporter l'an prochain. Car l'histoire récente est formelle. Les élections nationales qui ont suivi un mouvement social d'aussi forte magnitude que celui contre le CPE ont toujours donné la victoire à la gauche. Les manifestations étudiantes de 1986 contre la loi Devaquet ? Victoire de Mitterrand en 1988. Les fonctionnaires dans la rue en 1995 contre la loi Juppé ? Victoire de Jospin aux législatives anticipées de 1997. Mais "le forcené de Matignon" n'a pas fait les choses à moitié. Il a également réussi à recréer l'unité syndicale. Une première depuis 1947 ! Les sarkozystes qui comparaient, en plein coeur de la crise du CPE, le premier ministre au commandant du Titanic étaient peut-être en dessous de la vérité.

Sarkozy tout feu tout flammes

Au petit jeu du "plus à droite que moi tu meurs", auquel se livraient Villepin et Sarkozy depuis quelques mois dans leur course à l'Elysée par sondages interposés, c'est Villepin qui a gagné. Et c'est donc lui qui est mort. S'il n'a pas démissionné (son sens du sacrifice au service de son combat contre le chômage sans doute), son avis de décès politique tient dans les chiffres des derniers sondages : 29% d'opinions favorables. Pire que ce même Raffarin dont il avait honte d'être le ministre des Affaires étrangères, il n'y pas si longtemps. C'est un boulevard qui s'ouvre maintenant devant Sarko pour remporter l'investiture de l'UMP à la présidentielle en janvier 2007. Alors qu'il apparaissait comme le plus réac des deux candidats putatifs de l'UMP, il s'est forgé, à la faveur de la crise du CPE, une image (artificielle ?) de "sage" partisan du dialogue social et du compromis. On a peine à croire que c'est le même qui s'extasiait sur les bienfaits du Kärcher en zone sensible et était qualifié de pousse au crime lors des émeutes de novembre pour ses propos un brin radicaux. La communication a des pouvoirs que la raison ignore.
Pour autant, le ministre de l'Intérieur n'a pas encore remporté l'élection présidentielle. Le chantre de la rupture va devoir convaincre la fraction la plus radicale de son électorat qu'il est capable de mettre en oeuvre les réformes ultralibérales qu'ils appellent de leurs voeux. A commencer par le démantèlement du Code du travail. Cet affreux pensum qui, comme chacun le sait, est responsable du chômage élevé en France.
Pour les rassurer, ou ne pas les voir céder aux sirènes du Front national ou du MPF du Vicomte de Villiers, Sarkozy a pris soin d'enfourcher une enième fois son cheval de bataille favori. "Je n'ai en rien renoncé à la rupture, elle est plus que jamais nécessaire", a-t-il déclaré au Figaro. "Si nous voulons répondre aux espoirs des Français, de grands changements sont indispensables. Simplement, j'appelle mes amis à comprendre que la rupture ne sera acceptée des Français que si elle est perçue comme juste". "Le CPE a pu donner le sentiment que les jeunes étaient stigmatisés. Je ne voudrais pas maintenant que l'idée de la réforme soit emportée avec cette malheureuse affaire".
Les porte-flingue de Villepin l'attendent au tournant. "J'ose espérer que Nicolas Sarkozy n'a pas fait l'impasse sur l'indispensable débat sur la flexibilité", a commenté Hervé Mariton. "On se fait engueuler par un paquet de nos électeurs qui trouvent qu'on a cédé à la pression de la rue". Un autre villepiniste souligne que "dans l'immédiat, tout ce qui affaiblit Villepin est bon pour Sarkozy". Mais il met en garde contre la tentation de "marcher sur des faux-semblants et repousser les problèmes". L'union de la majorité est un long combat.

Présidentielles 2007 vous recommande, sur le sujet de la lune de miel Villepin-Sarko, l'article de JM Aphatie intitulé "un couple au bord de la rupture".

Villepin pire que Raffarin

"Le pire d'entre nous" n'est pas forcément celui que l'on croit. Avec 29% d'opinions favorables, "le forcené de Matignon" (surnom donné par Sarkozy à Villepin) vient de battre le record d'impopularité de Jean-Pierre Raffarin (30% au mois de mai 2005). Il n'en faut pas plus à certains pour se mettre à le regretter. Ainsi du sarkozyste Dominique Paillé, particulièrement virulent avec Villepin au plus fort de la crise du CPE :"Nos concitoyens sont exaspérés par la situation. Ils n'ont jamais demandé le CPE. Ils ne savent pas vraiment ce que ça peut apporter. Ils le passent d'ores et déjà par pertes et profits, mais ils ne comprennent rien à l'entêtement du Premier ministre et aux atermoiements qu'il fait aujourd'hui supporter au pays". Selon le Nouvel Obs, Paillé aurait confessé au "Phénix du Haut-Poitou": "En comparaison avec Villepin, il m'arrive de te regretter." Et Raffarin de rétorquer : "N'hésite pas à le répéter." A quand une pétition des députés UMP "Jean-Pierre reviens !"

Ségolène la candidate du show-biz

Après avoir fait la une de quatre hebdomadaires la semaine dernière, Madame François Hollande était cette semaine la vedette d'une émission de variétés sur Canal +. Dansant aux côtés du chroniqueur politique bien connu, Jamel Debbouze, elle s'est laissée allerà lui dire qu'elle se porterait candidate à l'investiture socialiste si "ça reste comme ça". En clair si les sondages continuent de lui être aussi favorables. Jamel Debbouze à la place d'Azouz Begag en ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, voilà enfin une vraie réponse au problème de l'intégration des jeunes des cités. Qui a dit que Ségolène n'avait pas de programme ?

Ségolène la candidate du show-biz

Après avoir fait la une de quatre hebdomadaires la semaine dernière, Madame François Hollande était cette semaine la vedette d'une émission de variétés sur Canal +. Dansant aux côtés du chroniqueur politique bien connu, Jamel Debbouze, elle s'est laissée allerà lui dire qu'elle se porterait candidate à l'investiture socialiste si "ça reste comme ça". En clair si les sondages continuent de lui être aussi favorables. Jamel Debbouze à la place d'Azouz Begag en ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, voilà enfin une vraie réponse au problème de l'intégration des jeunes des cités. Qui a dit que Ségolène n'avait pas de programme ?

A star is born

Sorti de l'anonymat par Chirac lors de son allocution abracadabrantesque "je promulgue, je suspends...", Bernard Accoyer, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale était l'invité cette semaine de l'émission Télé matin sur France 2. Après qu'il ait servi un discours convenu sur l'enterrement (non pardon, le remplacement) du CPE, Gérard Leclercq lui a posé une question sur l'actualité électorale italienne. Et plus précisément, le dénouement du scrutin restant alors incertain, quel candidat il souhaitait voir l'emporter, de Prodi ou de Berlusconi. Accoyer n'a pas hésité une seconde : "Berlusconi. Y a pas photo !" On est contents d'apprendre que le responsable du parti majoritaire à l'assemblée nationale (à défaut de l'être dans le pays) est donc favorable à la guerre en Irak, trouve la situation économique de l'Italie florissante (croissance nulle, endettement record) et considère qu'il est de bonne politique que de changer la loi pour faciliter ses affaires, en faisant par exemple voter une loi qui dépénalise la falsification de bilan. Devant tant de lucidité politique, on comprend que Sarkozy ait éprouvé le besoin de prendre personnellement les choses en main pour dénouer la crise du CPE.

Chirac et Villepin vilipendés par leur propre camp

On savait que le gouvernement n'était plus majoritaire dans le pays. On sait maintenant qu'il ne l'est plus même dans sa propre majorité. Cette semaine, les ténors de l'UMP et de l'UDF s'en sont donnés à coeur joie. En comparaison, les critiques du PS font figure de soutien au duo de choc qui dirige le bateau ivre de l'Etat.

C'est Edouard Balladur qui a ouvert le feu le premier après l'allocution abracadabrantesque de Chirac. "Le CPE est mort, tout le monde le sait" a déclaré avec gourmandise l'ennemi juré de Villepin, comme le rappelle Franz-Olivier Giesbert dans "la tragédie du Président".

Le président du groupe UDF à l'Assemblée, Hervé Morin, a osé dire ce que tout le monde pense tout bas : "Chirac devrait démissionner pour mettre un terme à cette période de fin de régime avec un président de la République totalement discrédité"."Si le président de la République avait un jour une attitude gaulliste ou gaullienne, c'est lui qui démissionnerait", a-t-il déclaré dans les couloirs du palais Bourbon, en expliquant que la nomination d'un nouveau Premier ministre ne "changerait rien".

Le député sarkozyste Thierry Mariani a estimé mercredi que Villepin "peut partir" si tel est son souhait. Commentant les propos de Villepin selon lesquels il ne laisserait à "personne d'autre le soin de tirer les conclusions qui s'imposent" des discussions ouvertes entre les parlementaires UMP et les syndicats, il a fustigé : "Quand on est Premier ministre, on cherche à convaincre le peuple. On ne cherche pas à rester par chantage vis-à-vis des uns et des autres, autrement on n'a rien compris à la politique." Et de rajouter : "Est-ce qu'il est en état de faire des menaces?" "Aujourd'hui il y a une incompréhension totale. Pour faire du chantage ou des menaces, il faut être en situation de force".

L'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, estime que "la désorganisation des institutions a atteint un niveau inconnu depuis le début de la Ve République", avec la crise du CPE, dans une tribune parue dimanche dans "le Journal du Dimanche.""Le président de la République, auquel la Constitution fixe comme première mission de "veiller au respect de la Constitution", a signé et promulgué une loi votée par la Parlement. D'une manière surprenante, il annonce le même jour que cette loi ne sera pas appliquée. En vertu de quels pouvoirs?", s'interroge VGE. "Il est grand temps de sortir de ce bourbier", juge-t-il, car "le fonctionnement normal des institutions doit être rétabli".

A la veille de la décision attendue lundi sur la réforme du CPE, le président de l'UDF, François Bayrou a estimé dimanche matin que ne pas abroger cette disposition "serait jeter un bidon d'essence sur le feu". "Le plus tôt sera le mieux dans l'annonce officielle de la suppression du CPE", a-t-il déclaré sur France Inter, ajoutant que "tout le monde sait que c'est acquis".
Jugeant qu'il n'y a "aucun autre moyen de sortir de cette crise", François Bayrou "ne croit pas du tout que Dominique de Villepin soit en situation de relancer une épreuve de force qui ferait à nouveau flamber la contestation dans le pays". "S'il y a une once de responsabilité chez le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, ils doivent aujourd'hui mettre un terme à ce vaudeville, à cette pièce qu'on nous joue depuis des semaines", a poursuivi le chef du parti centriste. Car, selon lui, on assiste aujourd'hui à "une crise de régime dans laquelle le désordre et le chaos président aux institutions", non seulement en raison du contrat contesté mais aussi du fait de la "rivalité interne au gouvernement et à l'UMP qui oppose Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin", et dont l'enjeu est de savoir "qui va tirer les bénéfices de la suppression du CPE qu'ils ont fait voter ensemble il y a un mois". Et d'asséner le coup de grâce : "On a l'impression d'un pays à la dérive, de gouvernants qui ne tiennent plus la barre". Favorable à un avancement de la date des prochaines élections, il observe que "12 mois cela va être très long pour un régime aussi décomposé que celui que nous avons sous les yeux".

Abracadabrantesque !

Après l'ouïe, Chirac vient de perdre un autre sens... celui du ridicule. Pour ménager l'amour-propre de Villepin, qui l'aurait menacé de démission, Chirac vient de donner raison à ses pires détracteurs en devenant, de plus, totalement inaudible. Dans l'art de dire une chose tout en faisant son contraire, on le savait champion toutes catégories. La fracture sociale est là pour en témoigner. Mais, jusqu'à vendredi dernier, on ignorait qu'il pouvait dire une chose tout en disant son contraire dans le même temps. Le garant des institutions de la Vème République a ainsi annoncé qu'il promulguait une loi tout en demandant qu'elle ne soit pas appliquée ! Il a chargé le Parlement et le gouvernement de la modifier. En concertation avec les partenaires sociaux, cela va sans dire. "Cette décision n'est pas d'une folle lisibilité. La suspension paraissait plus logique", a commenté un juriste, hilare, sur France Inter. Dans son dernier livre, La tragédie du Président, Franz-Olivier Giesbert brosse un portrait crépusculaire et vachard de ce Chirac, qu'il connaît si bien pour le fréquenter depuis si longtemps. La première page donne le ton de l'ouvrage : "Ceci n'est donc pas une biographie au sens propre mais plutôt l'histoire d'une tragédie personnelle, devenue, sur la fin, une tragédie nationale." La dernière sortie télévisée du Pire d'entre nous (titre d'un autre bouquin consacré à Chirac et sorti à l'automne dernier) laisse à penser que la tragédie est en train de tourner à la farce.