La vérité des chiffres

Le quotidien économique La Tribune, propriété de l'homme le plus riche de France, Bernard Arnault, par ailleurs président de LVMH, n'est pas l'archétype de la feuille de chou gauchiste. Ses réserves et son rappel sur la baisse du chômage n'en sont que plus précieux. Présidentielles 2007 ne résiste pas au plaisir de vous livrer in extenso sa Une du week-end, qui douche singulièrement le satisfecit que s'est décerné le gouvernement ces dernières 48 heures :

"- La baisse des demandeurs d'emploi a de nouveau baissé de 26.500 en juin, et ce malgré de faibles créations d'emplois
- Après un recul quasi ininterrompu depuis mars 2005, le taux de chômage revient à 9%, soit exactement le même que celui enregistré quand la majorité actuelle est arrivée au pouvoir
- Le reflux du chômage devrait continuer grâce à la montée en charge du plan de cohésion sociale et à la démographie"


On ne saurait mieux dire que le gouvernement n'est pour rien dans la baisse du chômage et que la réélection du champion de la "fracture sociale" en 2002 a fait perdre 4 ans à la France dans la lutte contre ce fléau.

Les brèves... qui en disent long

  • La lune de miel entre Sarkozy et Villepin continue. Le Nouvel Obs rapporte les propos peu amènes du poète de Matignon concernant le projet présidentiel de son ministre de l’intérieur : « Je n’ai pas entendu une seule proposition du niveau d’un débat présidentiel. » Avant de s’en prendre méchamment à sa proposition de supprimer la fonction de Premier ministre : « Avec à la tête de l’Etat un homme seul (le président de la République) qui serait primaire et hyper-réactif, la France s’engagerait dans une aventure. » Villepin s’imaginait-il que Sarkozy allait le nommer à Matignon s’il était élu en 2007 ?
  • Ils étaient faits l’un pour l’autre. Au sein du couple Gaymard, c’est au tour de madame de se faire épingler par ses pairs. On se souvient encore de la grande libéralité de son mari avec l’argent public lorsqu’il s’agissait de loger sa famille. Alors qu’il venait à peine, en tant que Ministre des Finances frais émoulu, d’appeler ses concitoyens « à se désintoxiquer de la dépense publique » (sic). Apparemment sa femme n’a rien à lui envier sur le chapitre de la déontologie. Ironie de l’histoire, c’est un ex-ministre des Finances, Jean Arthuis, qui l’a balancée à Thierry Breton, en sa qualité de président UDF de la commission des finances du Sénat. Clara Gaymard, présidente de l’Agence Française pour les Investissement Internationaux (AFII) souhaiterait rejoindre le géant américain General Electric (GE) alors même que le président de GE-France siège au conseil d’administration de l’AFII. Cet Arthuis : encore un UDF qui voit le mal partout.
  • Cécilia, le retour. Impossible d’ignorer que Madame Sarkozy est rentrée au bercail et qu’elle a retrouvé son bureau place Beauvau. Le couple fait depuis le début de l’été la Une de tous les magazines people. Devant ce raz-de-marée médiatique, des esprits chagrins se sont étonnés. Le premier flic de France n’avait-il pas juré ses grands dieux qu’on ne l’y reprendrait plus à jeter sa vie privée en pâture aux Français, quand Cécilia s’était enfuie aux USA et qu’il s’était scandalisé que Paris-Match ose en parler, photos compromettantes à l’appui. La doctrine aurait-elle une fois de plus changée ? Comme en matière politique, où le chantre de la rupture se pose désormais en grand rassembleur de la nation. Pas le moins du monde. Ces photos d’un tendre bonheur retrouvé où l’on voit le couple Sarkozy main dans la main ne sont rien d’autres que « des photos… volées » ! C’est la version officielle de l’entourage du premier flic de France. Si même le ministre de l’intérieur en est à se faire voler quasi-quotidiennement, on est en droit de s’interroger sur la baisse de la délinquance dans le pays.

Déni de réalité

La réalité n'est pas le soucis du Président. Son allocution du 14 juillet en a apporté la preuve à ceux qui en doutaient encore. Au bout de 11 ans de pouvoir et à neuf mois de l'élection présidentielle, oser déclarer : "Je ne suis pas à l'heure du bilan mais à l'heure de l'action", c'est abracadabrantesque. Maintenir "le suspense" sur son éventuelle candidature en 2007, alors qu'il affichera 74 ans aux prunes, et que personne dans son camp ne souhaite le voir se représenter, mis à part Villepin et Debré qui préfèrent, à l'instar de leur mentor, voir Royal plutôt que Sarkozy lui succéder à l'Elysée, c'est ubuesque. Assurer aux deux journalistes faire-valoir qui l'interviewaient gentiment, qu'il entretenait de "très bonnes relations" avec son ministre de l'intérieur, là c'était franchement à se pincer. Finalement, Chirac est plus gaulliste qu'on le pense. Mon Général déclarait que les Français sont des veaux mais qu'il faut leur faire croire qu'ils sont des lions. Chirac, lui, ne se donne même pas cette peine.