Echec sur toute la ligne

La maison Sarkozy prend l'eau de toutes parts. Même ce qui était jusqu'alors porté à l'actif de son chef, s'inscrit désormais à son passif. Et ce n'est pas l'opposition qui dresse ce calamiteux bilan. Marie-Josée Roig, la députée-maire UMP d'Avignon, s'en est pris sans ambages aux fondations, au fonds de commerce de la Sarkozye : la sécurité. Ainsi, regrette-t-elle la politique sécuritaire de... Jospin ! L'élue réclame en effet le retour de la police de proximité, tant décriée par l'ex-premier flic de France. La montée galopante de l'insécurité explique, selon elle, la remontée fulgurante du FN aux Régionales. On savait qu'en matière économique Sarkozy a conduit la France au bord de la faillite, mais il semblerait qu'en matière de sécurité également, soi-disant sa grande oeuvre, le pourfendeur de la racaille et le nettoyeur de la banlieue au Karcher mérite un zéro pointé. Marine Le Pen peut se frotter les mains. Le serviteur de la France et des Français, alias Villepin,aussi. La sortie de Marie-Josée lui a fourni un nouveau slogan de campagne. Sur la sécurité : même Jospin a fait mieux que Sarkozy. C'est pire qu'une insulte.

L'UMP premier parti d'opposition à Sarkozy

Ce n'est pas nouveau : à gauche, les prétendants à la présidentielle de 2012 sont sur les dents et s'y voient déjà. Ségolène confond l'hôtel de la région Poitou-Charentes avec l'Elysée. Aubry s'imagine que les 54% d'électeurs qui ont voté à gauche ont plébiscité la maire de Lille. Hollande, maintenant qu'il a recouvré l'anonymat politique et qu'il a changé de lunettes, s'imagine qu'il parle au nom des Français. Quant à Strauss-Kahn, il n'envisage même pas de se plier à l'exercice des primaires. Il se rêve en sauveur d'un PS exsangue à l'issue des primaires. Où, comme en 2006, les haines cuites et recuites étalées au grand jour entre candidats, lors des primaires, affaibliront le vainqueur.
Le nouveau, c'est que la même chose est en train de se produire à droite. A commencer par l'UMP, où les candidats se bousculent au portillon. A croire que Bertrand ne tient plus son monde. Il est vrai que les sondages sur l'impopularité record du refondateur du capitalisme ont délié les langues et décomplexé les égos. Plus d'un Français sur deux n'en veut plus même comme candidat. A droite, c'est près d'un électeur sur trois.
Le chouchou des Français et des sympathisants de l'UMP, c'est Fillon. Juppé est loin derrière, ce qui ne l'a pas empêché de se déclarer. Il était sans doute impatient d'annoncer son programme pour résorber les déficits abyssaux du pays : supprimer le bouclier fiscal. Rien de moins que le symbole du sarkozysme ! Le fameux bouclier, créé en fait par son meilleur ennemi Villepin, dont le principe était alors de plafonner à 60% des revenus d'une personne la totalité des prélèvements auxquels elle peut être soumise. Ramené par Sarkozy à 50%, il devait faire rentrer Johnny au bercail et tous les nababs expatriés à sa suite. On connaît le résultat... Au final, ce n'est qu'une mesurette clientéliste, qui concerne 16000 personnes à peine et coûte seulement 600 millions par an. Une paille en comparaison de la réduction de la TVA sur la restauration (3,5 milliards), de la suppression des droits de succession (2 milliards) et des charges et de la fiscalité sur les heures supplémentaires (2,5 milliards). Juppé, l'inspecteur des Finances, le sait bien. Mais Juppé, le politique, préfère afficher sa différence. La majorité est une famille très unie dans l'adversité.