Benito de Beauvau

Les villepinistes seraient-ils pour une fois en phase avec l'opinion ? C'est ce que laisse à penser un sondage TNS Sofres pour Le Figaro Magazine. Le président de l'UMP a beau faire la course en tête dans les sondages avec la socialiste Ségolène Royal, il a cependant du mal à convaincre au-delà de son propre camp en terme d'image. En effet, le premier flic de France ne rassure que 36% des personnes interrogées, tandis qu'il en inquiète 55%. De même, le ministre de l'Intérieur n'est jugé séduisant que par 39% des Français, contre 61% qui sont d'un avis contraire. Pour 49% des sondés, Nicolas Sarkozy est plutôt un libéral, 17% voyant plutôt en lui un gaulliste.
Or, après les tendres qualificatifs de "nabot", "nain" et "roquet", dont l'affuble l'encore premier ministre DDV, sa garde rapprochée vient d'en trouver un autre, synonyme à lui tout seul d'inquiétude : "Benito." Rien moins que le prénom de Mussolini ! Alias le Duce !
Encore un effort, et les forcenés du CPE vont appeler à voter pour Ségolène Royal ou Le Pen pour sauver la patrie et la démocratie en danger. "Tout sauf Benito !"

La chute sans fin de Villepin

Un mauvais week-end de plus pour Dominique de Villepin. Alors que l'UMP refuse d'avaliser son projet de fusion Suez-GDF, que Devedjian, alias Sarkozy-m'a-dit, l'a traité de "premier ministre de convenance", le Journal du dimanche vient de publier un sondage selon lequel l'auteur inoubliable des "Cent jours ou l'esprit de sacrifice", bat le record d'impopularité de son prédécesseur Jean-Pierre Raffarin. Lequel était descendu à 24% de bonnes opinions. Pour se rapprocher dangereusement du record absolu, à droite, toujours détenu par Alain Juppé, avec 20%. Encore un petit effort Dominique... Histoire de remettre en selle "le meilleur d'entre nous" pour la prochaine présidentielle.

Où est passée la majorité ?

Après Bayrou, les temps de parole des groupes UMP de l'assemblée nationale et du sénat vont-ils à leur tour être décomptés dans celui de l'opposition par le CSA ?
Malgré le numéro de charme de Breton et Villepin sur leur projet de fusion GDF-Suez, les députés et sénateurs de la majorité n'en démordent pas : ils voteront contre un projet de loi.
Avant même l'ouverture du débat sans vote organisé à l'Assemblée par le gouvernement pour prendre le pouls de sa majorité, le patron du groupe UMP Bernard Accoyer a douché les espoirs de Matignon et Bercy : "Il n'y a pas une majorité suffisante" pour adopter un texte fusionnant GDF et Suez. "Il faut se donner le temps", a renchéri le président UMP de la commission des Finances, Pierre Méhaignerie. La porte s'est aussi fermée au Sénat: les élus UMP ont fait savoir qu'ils refuseraient de faire de la "figuration" en débattant les premiers cet été d'un projet de loi susceptible d'importantes modifications.
Villepin a beau eu convoquer les mânes du Général, en s'inscrivant dans le sillage de celui "qui a donné à la France l'indépendance et la sécurité énergétiques", rien n'y a fait. En désespoir de cause, il a même osé déclarer sans rire : "Il est hors de question que les ménages français soient exposés à des hausses brutales de tarifs dont l'Etat n'aurait pas la maîtrise."
C'est pourtant bien connu : pour les poètes, les mots n'ont pas le même sens que pour le commun des mortels.

La dernière de Villepin : "Une étude ne fait pas le printemps"

C'était l'argument massu en faveur du CPE. Son petit-frère, le CNE, qui s'applique aux PME de moins de 20 salariés, était un succès sans précédent, qui expliquait la décrue du chômage, puisqu'il aurait créé plus de 400.000 emplois en quelques mois seulement.
Patatras ! Une étude menée par la direction des statistiques du ministère de l'Emploi (DARES) et l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss) fait état de 44.000 emplois créés pour 440.000 CNE signés depuis le mois d'août 2005. Ce n'est pas exactement la même chose !
De plus, un CNE sur trois a été rompu dans les six mois suivant sa signature, ce qui est, selon l'enquête, "nettement supérieur" à la proportion de CDI terminés pendant la même période. Comble de malchance, près des trois quarts des embauches effectuées en CNE (70%) seraient intervenues de toute façon sans ce dispositif... Pas plus tard que lundi dernier, le premier ministre avait pourtant assuré que "90%" des CNE étaient "toujours en activité".
Pris la main dans le sac, Villepin ne s'est, bien sûr, pas démonté. Il a commenté cette nième mauvaise nouvelle avec cette humilité qui fait tout son charme : "Une étude ne fait pas le printemps."
Et Villepin à Matignon ne fait pas le poids.