Sarko au bord de la crise de nerfs et en plein autisme politique

Il n'est finalement pas si différent de celle qu'il moquait il y a cinq ans. "Madame Royal a perdu ses nerfs", avait-il ironisé pour qualifier la sortie de Miss Poitou lors de leur débat et sa fin de campagne pathétique, où elle avait "craint" que l'élection de Sarkozy ne déclenche des émeutes dans les banlieues (sic).
Incapable de comprendre que la désaffection qu'il connaît, c'est lui qui en est le premier responsable, il s'est livré, hier soir, à une chasse aux boucs émissaires. Un classique des régimes autoritaires.
Le "petit nerveux" (le surnom dont  l'affuble Rambaud dans sa 5ème Chronique du règne de Nicolas 1er) qui traite de "petit calomniateur" son adversaire politique en plein débat  parce qu'il lui assène quelques vérités bien senties, tente malgré tout de se faire passer pour une victime. La victimisation des élites... un autre classique des régimes forts. 


C'est donc en tant que victime qu'il a dénoncé vendredi "les injures, la calomnie" et "les torrents d'outrance", qui se sont déversés sur lui pendant la campagne électorale, lors de sa dernière réunion publique de campagne aux Sables-d'Olonne (Vendée). 
"J'ai été traité de Franco par Piccoli, de Laval par l'aimable Mélenchon, de Pétain par le Parti communiste", qui "peut me donner des leçons de démocratie", et le rassemblement du Trocadéro a été comparé à "Nuremberg, selon un militant socialiste", a déclaré M. Sarkozy, sans citer le généticien Axel Kahn, candidat aux législatives à Paris."Comment accepter (...) cet étalage d'injures, de calomnies et ce torrent d'outrances?" s'est-il interrogé devant 2.500 personnes selon les organisateurs.
"Qui sont-ils, quels sont leurs titres de gloire (...) ceux qui veulent m'empêcher de parler à 6,5 millions d'électeurs de Marine Le Pen ?" a-t-il demandé, en rappelant que Marine Le Pen avait été invitée par de nombreux médias auparavant pour dire du mal de lui.  "Je ne l'accepte pas, ce n'est rien d'autre qu'une forme de racisme et d'intolérance", a-t-il dit, en dénonçant ceux "qui font en permanence le procès de la majorité silencieuse". "Quand j'ai prononcé le mot immigration, immédiatement le procès était instruit", a-t-il ajouté.

Le président des riches, reconverti sur le tard en porte-parole du peuple (de Neuilly ?) et de la majorité silencieuse (du CAC 40 ?) s'est ensuite livré à un exercice d'autosuggestion digne de la méthode Coué. Dans un déni de réalité qui confine à l'autisme politique, il a harangué ses supporteurs en ces termes : 
"La majorité silencieuse n'a pas à supporter l'injure, ça vaut pour les minorités, mais ça vaut aussi pour les majorités", a-t-il estimé. "Je sens monter une mobilisation que je n'ai jamais connue et jamais ressentie dans notre pays", a-t-il estimé, une mobilisation qu'il explique parce que "le peuple de France ne s'est jamais senti, comme autant ces dernières semaines, injurié, acculé, manipulé". "Jamais comme ces dernières semaines, le peuple de France n'a eu le sentiment aussi fortement qu'on lui manquait de respect, qu'on n'acceptait pas de lui dire la vérité et qu'on voulait lui imposer une décision dont il ne voulait pas", a déclaré M. Sarkozy. "Je voudrais vous persuader d'une chose, chaque voix va compter : dimanche, vous n'imaginez pas à quel point les choses vont se jouer sur le fil du rasoir", a-t-il ajouté.
A se demander dans quel monde a vécu ce triste Sire pendant cinq ans pour méconnaître à ce point le ras-le-bol et le mépris qu'il inspire à ses concitoyens. Ceux-là mêmes à qui il avait juré au soir de sa victoire : "Je ne vous mentirai pas. Je ne vous décevrai pas." 

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