Hollande : dur à cuire ou fier-à-bras

Son image de grand méchant mou lui collait trop à la peau. Y compris dans son propre camp. Montebourg l’a surnommé « Flamby », Fabius « Monsieur petites blagues » et « Fraise des bois », l’ex-plume de l’ex-premier ministre, Guillaume Bachelay, « Guimauve le Conquérant ». A droite, ce n’est bien sûr pas mieux. Sarkozy l’appellerait « le petit » en privé, élément de langage repris sur i-Télé par Estrosi. Chatel, quant à lui, l’avait qualifié de « Babar ». (article publié par Agoravox)

Dans une société surmédiatisée, où l’image prime sur le message, l’électeur indécis pourrait très bien se dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Et que Hollande ne possède en commun avec Mitterrand  que son prénom. Bref, qu’il est finalement trop « normal » pour faire Président. Ce dernier, fort de l’onction du suffrage universel, demeurant dans l’imaginaire collectif un leader charismatique, un monarque républicain au-dessus de ses sujets.

Conscient de cette fragilité, désireux qu’elle ne se transforme pas en talon d’Achille, Hollande a décidé de jouer les durs pour montrer qu’il avait bien la gueule de l’emploi. Il a choisi un autre dur comme faire valoir. Plus exactement, un ex-dur sur le retour : Alain Juppé. C’était hier soir sur France 2 lors de l’émission « Des paroles et des actes ».

Le revers de la médaille, dans ces cas-là, c’est de forcer le trait au risque d’en rajouter. Un écueil que n’a manifestement pas su éviter le candidat socialiste. Tout à leur surprise de découvrir un Hollande sûr de lui, et haussant le ton face à Juppé, l’ex-"meilleur d’entre nous", certains journalistes ont crié ce matin à sa victoire aux poings sur le ministre des affaires étrangères.

Certes, Hollande s’est montré cinglant sur le bilan de "Sarko" (comme s’est laissé à l’appeler Juppé), que Juppé a mollement tenté de sauver des eaux en défendant quelques réformes que le PS n’avait pas contestées. Paradoxalement, comme si c’était pour lui un brevet d’honorabilité. Mais l’ex-premier secrétaire du parti socialiste s’est surtout montré impoli, coupant à moult reprises la parole à son aîné, et arrogant en se comportant comme s’il était déjà élu. Au point, qu’à la fin, un Juppé excédé lui a rappelé que le favori de janvier n’était jamais l’élu de mai. Ce qui fut souvent vrai. Mais faux en 2007, où le favori de janvier, un certain « Sarko », a bien été élu en mai.

Il n'en reste pas moins vrai qu'en voulant (sur)-jouer les durs à cuire, Hollande a pris le risque d'apparaître comme un fier-à-bras. L'impopularité de celui qui occupe déjà l'Elysée devrait l'inciter à ne pas trop renouveler l'expérience. Sinon, Juppé pourrait finir par avoir raison.

Cet article a été également publié par AgoraVox

1 commentaire:

  1. Hollande et Juppé sortent du même moule, c'en était risible sur le fond. Sur la forme, Hollande a marqué quelques points.

    RépondreSupprimer